Avis de décès

Décès de Gustave CORNET

Gustave CORNET

1923 – 2010

Le 12 février 2010, Marie Rose CORNET nous apprend que son mari, GUS pour les intimes, a été terrassé par une crise cardiaque. C’est une bien triste nouvelle, nous étions amis depuis 63 ans, l’époque de nos études universitaires.

Fils d’un petit artisan de Lons-le-Saunier, GUS réussissait le concours d’entrée à l’école normale d’instituteurs pour préparer, au lycée, le BAC « Maths Elem » obtenu en 1943.

Résidant en zone libre, il n’échappait pas aux chantiers de jeunesse, c’est-à-dire à l’abattage des sapins sur les pentes abruptes des BAUGES, en Savoie, puis dans la monotone forêt des Landes, pendant de longs mois. Il optait ensuite pour un service plus actif, dans la Résistance, puis dans la 1ère Armée française, jusqu’en 1946.
A Besançon, en 1947, voisins de chambres à la Cité universitaire, nous préparions tous deux une licence de Sciences naturelles, intéressés particulièrement par, la géologie, notre futur métier.

Ayant « ramé » plusieurs années à préparer seul mes « deux BACS » en enseignant et pioniquant, j’appréciais travaillant avec GUS, ses bases solides en maths et sciences pour décortiquer et m’expliquer certains mystères de la chimie-physique et de la cristallographie.

Notre célèbre maître, Louis GLANGEAUD, semblait souffrir, la quarantaine avancée, d’être encore dans cette petite faculté de province, ambitionnant de « monter » à Paris, où il parviendra ultérieurement, pour accéder, comme son père à l’Institut.

L’un de ses sports favoris consistait à jauger ses étudiants et à les déstabiliser en leur rappelant, avec insistance que les Francs-Comtois étaient depuis longtemps des sous-doués sans avenir ; les anciens, comme GUS, nous assuraient qu’il fallait impérativement « relever le nez », sous peine d’être définitivement catalogués comme minables aux yeux du Maître. Heureusement, certains de ses cours étaient fort intéressants, et le chef de travaux, Maurice DREYFUS, simple et cordial vis-à-vis des étudiants, proposait des balades sur le terrain presque tous les dimanches de l’année universitaire ; expliquant clairement il répondait sans se lasser, à toutes nos questions.

A l’automne 1949, nanti de sa licence, GUS rejoignait son frère aîné, André CORNET qui venait de succéder à P. FLANDRIN, comme chef de la section Hydrogéologie au service de l’Hydraulique d’Algérie. GUS était chargé des études dans les Hautes Plaines et l’Atlas saharien central – la région de Djelfa – puis des secteurs HODNA et SUD-CONSTANTINOIS.

Le service de l’Hydraulique et Equipement Rural (HER) était structuré, comme les Ponts et Chaussés en circonscriptions, arrondissements et subdivisions, soit un peu plus de 2000 agents gérant entièrement le domaine de l’eau en Algérie. En appui aux unités décentralisées le service d’Etudes Scientifiques (SES), installé à BIRMANDREIS, en banlieue d’Alger, rassemblait environ 150 personnes réparties en sections : HYDROGEOLOGIE, PEDOLOGIE, HYDROLOGIE-CLIMATOLOGIE, CHIMIE des EAUX et MECANIQUE des SOLS.

L’ambiance était bonne, et grâce à GUS, j’y étais admis en avril 1956 pour remplacer un collègue rentré dans l’Hexagone en vue de m’égayer sur 700 à 800.000 Km2, au Sahara occidental.

A BIRMANDREIS, partageant un bureau avec GUS je profitais de son expérience pour apprendre le métier.

En octobre 1956 nous faisions équipe pour une mission de deux mois et demi dans le Hoggar central, avec réédition à l’automne 1957, dans l’Adrar des Ifoghas, aux confins algéro-maliens. En pleine nature, 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, il vaut mieux faire preuve de bonne humeur à tous prix pour maintenir jusqu’au bout de la mission l’entente cordiale, ce qui marchait très bien avec GUS malgré de multiples discussions agrémentées de coups de gueule sans conséquence fâcheuse pour le silence saharien.

Malgré les difficultés et les risques dus à la rébellion algérienne ainsi qu’à toutes les péripéties quasi-révolutionnaires émaillant la vie algéroise de 1958 à 1962 nous étions professionnellement très occupés par de multiples projets liés au « Plan de Constantine », et pour tout dire, passionnés et heureux.

Cette période faste était dramatiquement interrompue à la mi-janvier 1962 par l’assassinat d’André CORNET à son domicile et deux jours plus tard par celui de VIGNAT, un jeune collègue lyonnais arrivé au SES depuis moins de un an. Aux obsèques d’André CORNET, dans le Jura, nos anciens : P. FLANDRIN, P. GEVIN, N. MENTCHIKOF nous incitaient à quitter ALGER au plus vite, si nous voulions rester en vie.

Le BRGM accueillait bon nombre d’entre nous au printemps 1962 ; nous retrouvions de nouveaux collègues, qui devenaient très vite de nouveaux amis.

Intégré à l’INRA, GUS était détaché au BRGM comme hydrogéologue, effectuant diverses missions en France et à l’étranger :
– D’octobre 1962 à juin 1963, en Nouvelle Calédonie
– En mai-juin 1964, en Haute Volta (Burkina Faso)
– De janvier 1965 à février 1967, assisté d’une équipe de géologues grecs il faisait une étude hydrogéologique de l’Ile de Crête.
Au département HYDROGEOLOGIE on lui confiait l’encadrement des stagiaires, des cours de formation professionnelle et quelques études méthodologiques.

De 1967 à 1974 il a participé à des études en Libye au Maroc, et supervisé des missions en Grèce, Moyen-Orient et Algérie.

A partir de 1975, il est affecté à l’AGE (Agence d’intervention à l’Etranger en Hydrogéologie et Aménagement) ; il y est chargé d’opérations diverses au Guatemala, Libye, Iran, Pakistan, Rwanda, Afrique de l’Ouest, Syrie, Espagne, Portugal et Maroc.

Il est copté administrateur du GEFLI (groupement d’entreprises françaises en Libye) puis du « groupement français en Syrie » constitués de divers organismes : BRGM, GERSAR, SOGREAH, BCEOM, BDPA, SCET-COOP, SODETEG, SEURECA, etc …

GUS quittait le BRGM le 31 août 1987 après une carrière bien remplie : pour la première phase en Algérie seulement, son CV mentionne l’alimentation en eau de 21 agglomérations, l’étude de 8 emplacements de barrages, l’étude et la conduite d’une cinquantaine de puits et forages, dont 6 dépassant 1 000 m, l’implantation d’environ 140 puits pour l’hydraulique agricole.

Sa famille et ses amis ont la consolation d’avoir connu un homme heureux, qui était, début 2010, en très bonne forme physique et mentale.

Bon père de famille, il a été choyé et bien accompagné par Marie-Rose, sa remarquable épouse, unanimement appréciée au BRGM, où elle a assuré l’édition des rapports de géologie minière pendant 17 ans.
Qu’elle reçoive les témoignages de notre sincère amitié, ainsi que ses enfants : Monique, Françoise, Jean-Pierre, Véronique et ses nombreux petits enfants.

Marcel BOURGEOIS

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