In memoriam

Anne-Marie BERTHEAU

Anne-Marie BERTHEAU
1928 – 2006

Un soir, quelques minutes avant de quitter le bureau, ma porte s’ouvre et j’entends « alors je l’apporte ? » Vous apportez quoi ? « Et bien ma plante ! » Mais je vous ai dit oui… C’est ainsi que ma collaboration avec Anne-Marie et son philodendron a commencé.

Anne-Marie est arrivée au BRGM à PARIS le 1er mars 1963, mais j’ai vraiment fait sa connaissance en mai 1968 lorsqu’elle est venue se présenter au Département Financier où je me trouvais à l’époque.

Après nous être entretenus sur le travail que nous attendions d’elle et qui semblait lui convenir, elle est restée songeuse ; devant mon air interrogateur, elle s’est lancée « J’ai quelque chose à vous demander …. J’ai une plante, puis-je l’amener ? » C’est sans problème apportez-là. Quelle ne fut pas ma surprise en voyant arriver dans mon bureau un énorme philodendron aux branches tentaculaires !

Son expérience professionnelle, sa vivacité d’esprit lui ont permis de s’intégrer à notre équipe sans difficulté ; par la suite elle a travaillé également pour Eric AUSSEDAT.

Elle ne souhaitait pas suivre à ORLEANS, mais les décès, en l’espace de 4 semaines, de son compagnon et de sa maman, survenus quelques mois avant notre départ l’ont laissée désemparée. Je lui ai conseillé de se faire muter à Orléans.

Affectée à la Direction Financière, elle s’est retrouvée encore plus esseulée ; Eric et moi-même étions mutés ailleurs. J’ai été alerté de sa détresse par Nicole SNOEP-FERRAGUT. Avec Eric et nos épouses, nous l’avons entourée de notre mieux jusqu’au jour où Jean BERTHEAU est entré dans sa vie. Sa reconnaissance envers nous quatre est restée inaltérable.

Anne-Marie, s’était avant tout un caractère bien trempé, sérieuse dans son travail et d’une discrétion très professionnelle, entière dans ses sentiments, fidèle dans ses amitiés.

C’est en 1946, accompagnée de sa maman et de sa sœur, qu’elle a quitté Trieste pour Paris où elle a retrouvé son père qui avait fui clandestinement d’Italie en France pour échapper à la police fasciste puis s’était engagé pendant l’occupation dans la résistance parisienne par reconnaissance envers la France qui l’avait accueilli. Elle avait 18 ans, un diplôme d’études secondaires et un terrible sentiment d’insécurité, « Ici, je suis une étrangère ! » me disait-elle souvent, elle en a fait un complexe qui ne l’a jamais quitté.

Et pourtant, au décès de son époux, elle n’a pas songé un instant à retourner à Trieste, elle était plus française qu’elle ne le pensait. Sa mort tragique a bouleversé tous ses amis.

A sa sœur, à ses neveux et nièces, au nom de l’Amicale, nous leur exprimons toute notre sympathie.

Emmanuel CHIMAY


Anne-Marie BERTHEAU est décédée le 15 juillet 2006