| Dernier message d’un géologue : Je ne saurais partir sans laisser un dernier message à ma grande famille que sont les géologues, à ceux qui ont jadis inauguré la voie, à ceux qui m’ont apporté leurs connaissances et leur expérience, à ceux qui m’ont accepté dans leurs équipes, enfin à tous ceux et toutes celles qui continueront à consacrer leurs efforts au développement des Sciences de la Terre. Passager éphémère de notre planète terre, j’ai eu l’immense privilège de pouvoir consacrer une bonne partie de ma vie aux Sciences de la Terre, chemin en or, aidant l’être humain dans ses efforts de recherche de la Vérité. Quoi de plus exaltant que de se rappeler les émotions suscitées lorsque, pour la première fois, nous observions des fossiles marins dans des bancs de calcaires perchés au sommet des Alpes, des amas de minerais dans les profondeurs des mines, où simplement la variété de galets sur les berges des torrents. Mais après l’émotion ce fut l’interrogation du « comment » d’abord, du « pourquoi » par la suite. Pourquoi les continents, les mers, les chaines de montagnes, les plaines, les volcans, les tremblements de terre, etc. ? Nos efforts pour comprendre soulevaient de nouvelles questions, de nouvelles énigmes sur la formation des roches, leur déformation, la matière inerte, la matière vivante, la durée du temps et, in fine, l’histoire de notre planète et celle de notre univers. Il fallait concilier l’inerte et le vivant à partir de l’instant où je sus que la brique élémentaire de mon cristal de calcite, trônant sur mon bureau est la même que celle qui participe à l’édifice de mon propre être, sauf que les premières citées s’orientent suivant une symétrie périodique, celles de mon propre corps suivant une symétrie apériodique. Mais pour savoir davantage sur cette unité élémentaire commune au vivant et à l’inerte, j’ai dû avancer dans les profondeurs du micro et du macrocosme, intégrant histoire de notre chère Terre dans celle du vaste univers, et cherchant à comprendre l’existence des lois universelles régissant à la fois nos cellules, notre planète, notre galaxie, l’univers dans sa totalité.J’ai commencé ma vie de géologue en cherchant des matières premières pour nos soins matériels. Je l’ai poursuivie et je l’achève en continuant à chercher, mais non la matière mais le chemin qui mène à la Vérité, au Grand Tout où matière, énergie et esprit ne font plus qu’un. Je sais que la route sera encore longue, mais la lumière y sera au bout. Joseph KLEIBER |
