Premier contact avec l’Afrique Noire (Dakar 1962).

logo_on Lorsque j’embarquais à minuit à Marignane dans un Boeing pour rejoindre mon affectation à Dakar, je ne m’étais pas couché depuis plus de 48 heures (déménagement, préparatifs …) et avais grand soif !

Le steward des « premières » (classe où nous voyagions à l’époque) me proposa « jus d’orange ou champagne ». – Champagne répondis-je, mais dans un grand verre. Il m’en fut servi trois ! Quelques minutes me suffirent après pour tomber dans les bras de Morphée.

Au petit matin, à l’arrivée à Dakar, l’équipage dû me descendre de l’avion car mes jambes ne répondaient pas.

Sous les cintres en éternit qui constituaient l’aérogare, le premier poste fut « la santé ». « Bonjour patron » – Tiens comment le sait-il me dis-je ?

Au poste suivant « Police » : « Bonjour patron ». J’appréciais que le peuple fut déjà au courant. Je n’avais pas fait le lien avec la récente indépendance : le terme « patron » était associé aux blancs.

A la réception des bagages ma cantine n’était pas là et l’avion était reparti pour Abidjan. Il ne me restait que mon petit cartable.

Bernard BESSOLES m’amena au BRGM. Il me présenta le personnel expatrié, les locaux, les bureaux.

A l’heure du déjeuner les « expatriés » me convièrent à la popote. J’y découvrais une jeune servante sénégalaise (25 ans) qui s’activait torse nu. Moi qui venais de la pudique et coincée Algérie, j’en avais plein les yeux.

Après, l’heure fut à la sieste. J’allais à l’appartement qui m’était attribué (rez de chaussée).
Du savon se trouvait sur le lavabo, aussitôt, j’y lavais mon linge de corps qui commençait à sentir le renard adulte.
J’étendais le tout sur les fils dans le jardin puis m’étendis moi-même.

Petite sieste. Au réveil, j’allais chercher mon linge. Rien, plus rien. Un « passant » avait prélevé ce don du ciel. Je restais avec costume, cravate.

Ce fut mon premier contact avec l’Afrique Noire, laissant présager un futur bien sombre.

Ce ne fut pas le cas.

Henri MOUSSU