2015

Sortie à Tavers

Sortie à Tavers
22 avril 2015

 

Par une radieuse matinée d’avril, nous étions une trentaine à avoir répondu à l’invitation de notre Amicale.

 
Pourquoi Tavers ? Ce charmant village, établi sur la rive droite de la Loire, à quelques kilomètres à l’aval de Beaugency, offre plusieurs centres d’intérêt. Sur les plans géologique et hydrogéologique, sa situation sur la bordure du plateau beauceron en fait un jalon remarquable pour l’étude des terrains tertiaires et des nappes aquifères qu’ils renferment. Côté archéologie, la présence de l’Homme y est attestée depuis le Paléolithique par de nombreuses trouvailles d’industrie lithique. Plus avant dans l’histoire, les traces de cette occupation humaine, notamment aux époques gallo-romaines et médiévales ont donné lieu à d’importantes découvertes d’objets très variés (céramiques, bijoux, etc..). Enfin Tavers et ses environs furent le théâtre d’intenses combats durant la guerre de 1870.

Beaucoup de ces découvertes archéologiques sont l’œuvre de deux agriculteurs taversois : Louis Gaillard puis son fils Maurice qui en a repris le flambeau. En 2009, ce dernier rencontre Jean-Charles Casanova, lui aussi passionné d’histoire et d’archéologie. Ensemble, ils vont créer un petit musée, inauguré en 2013, et où nous nous sommes justement donné rendez-vous pour débuter notre journée.

Nous pouvons admirer les pièces présentées dans un ensemble de vitrines associées à des panneaux explicatifs, le tout disposé dans un ordre chronologique. François Chevrier, paléontologue au Muséum d’Histoire naturelle d’Orléans, nous parle d’abord des découvertes de fossiles provenant des sables et argiles déposés au cours du Miocène et plus précisément de l’époque langhienne, il y a environ 15 millions d’années, sous un climat chaud et humide. On y a récolté des restes de vertébrés attestant de la présence d’une faune variée : reptiles, cervidés, mastodontes – ancêtres de nos éléphants actuels, dont on peut admirer des dents et mâchoires remarquablement conservées. A ces échantillons originaux, il faut ajouter le moulage d’un crâne de Dinothérium, un autre lointain ancêtre de nos éléphants, mais qui avait ses défenses recourbées vers la bas.

Une des vitrines consacrées aux fossiles du Miocène De gauche à droite, Jean-Charles Casanova, Maurice Gaillard et François Chevrier, pendant la présentation

Maurice Gaillard évoque les outillages paléolithiques et néolithiques (pointes de flèches, haches, etc.) que son père Louis, puis lui-même, ont récoltés au fil de leurs labours. Nous pouvons ensuite admirer tout à loisir les céramiques, poteries sigillées et bijoux de l’époque gallo-romaine avec notamment de belles bagues et des pendentifs phalliques (?). Le circuit de visite s’achève sur des témoignages des combats de la guerre de 1870 (armures, épées et casques à pointe prussiens, etc.) et aussi par une évocation des curieux « bataillons scolaires », sorte de préparation militaire où les écoliers devaient se familiariser au maniement de fusils factices.

Pour clore cette visite, notre ami Gérard Sustrac prend la parole pour souligner l’intérêt de cette initiative propre à sauvegarder et populariser le patrimoine géologique et archéologique local.

Le temps passe et il faut penser à se restaurer. Pour cela, Francis et Line Bellivier nous ouvrent aimablement les portes de leur grande et belle maison sur les hauteurs de Tavers. Pendant l’apéritif, nous écoutons attentivement les explications hydrogéologiques concernant les visites de cette après-midi que nous donnent Philippe Maget et Nevila Jozja . Tavers se situe sur le rebord du plateau où affleurent les Calcaires de Beauce et les eaux souterraines vont y circuler à la faveur d’un important réseau karstique en trouvant plusieurs exutoires au pied du coteau.

Chez Francis et Line Bellivier, pendant les exposés de Philippe Maget et Nevila Jozja

Le pique-nique qui suit, organisé par nos hôtes – salade de crevettes, pizzas, quiches, terrines et tartes – en tous points remarquable, va largement satisfaire les convives d’autant plus qu’il sera arrosé d’excellents vins blancs, rosés et rouges de l’Orléanais, judicieusement choisis par Jean-Jacques Châteauneuf, fin connaisseur en la matière
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Francis et Line Bellivier pendant le pique-nique.

Et comme il y a encore d’autres choses intéressantes à découvrir, une promenade digestive, d’environ un kilomètre, va conduire les participants au parc des Fontenils, situé en contrebas, au contact du coteau et de la plaine alluviale de la Loire. Nous allons pouvoir enfin découvrir les sources bouillonnantes qui jaillissent au sein des « sables mouvants » et les fameuses « eaux bleues » dont on peut admirer les nuances changeantes en fonction de la direction de l’éclairage solaire. Apparemment, ces teintes particulières seraient dues à la présence d’algues microscopiques mais également de particules argileuses en suspension.

Des discussions animées s’engagent entre les participants et Philippe et Nevila sur le fonctionnement de ce système hydraulique particulier. Ici, contrairement aux sources de l’agglomération d’Orléans – sources du Loiret, de la Pie et de Saint-Avit – il ne s’agit pas de résurgences de l’eau de la Loire, mais d’exutoires des nappes aquifères circulant dans les réseaux karstiques des Calcaires de Beauce.

Les sources dans les « sables mouvants » et les « eaux bleues » au parc des Fontenils

L’intérêt de ces débats, la beauté du lieu et la douceur de cette fin d’après-midi, ont longtemps retenu les participants unanimement satisfaits de cette journée.

Un grand merci à tous ceux qui ont activement participé à la réussite de cette sortie : Francis et Line Bellivier Jean-Charles Casanova, Jean-Jacques Châteauneuf, François Chevrier, Maurice Gaillard, Nevila Jozja, Danielle Labrot et Philippe Maget.

René MEDIONI

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