In memoriam

Jean-Jacques COLLIN

Jean-Jacques COLLIN

Un hydrogéologue hors du commun

1936-2014

 

Né en 1936, Jean-Jacques Collin a étudié la géologie à l’Université de Lille, et suivi, en particulier, l’enseignement d’Antoine Bonte, pionnier du concept de géologue partenaire des ingénieurs.

Après deux années (1958-60) de prospection pétrolière au Sahara dans les équipes de la SN Repal, puis deux années de forages d’eau dans le cadre du Génie militaire en Algérie, Jean-Jacques Collin est recruté au BRGM par Jean Ricour en août 1962 .

Affecté au tout nouveau Service Géologique Régional Jura-Alpes ,dirigé par Georges Lienhardt, Jean-Jacques Collin bénéficie de la période des 30 glorieuses ,dont les conditions favorables permet à l’Etat français de se doter des moyens modernes de connaissance, d’exploitation et de suivi de ses nappes d’eau souterraine donnant ainsi au BRGM les moyens de développer les études et recherches en hydrogéologie sur l’ensemble du territoire

Avec Gilbert Castany et Jean Margat, l’hydrogéologie française prend son essor et cette formation interne permet à Jean-Jacques Collin de passer progressivement de l’état de géologue généraliste à un métier d’ingénierie en eaux souterraines.

A l’époque où l’inventaire des ressources hydrauliques constitue l’essentiel de la tâche de Service public, la demande des administrations (Génie Rural et Ponts et Chaussées ,puis DDA et DDE ) et des Municipalités s’intensifie. Les contrats lui permettent de développer une activité de métrologie inaccessible dans le cadre du service public et d’être confronté aux réalités industrielles des chantiers.

Grâce à un goût personnel pour l’innovation , mais aussi grâce à la qualité d’une équipe de techniciens enthousiastes, Jean-Jacques Collin forge les outils qui lui permettront quelques années plus tard de concevoir et d’animer de nombreux programmes de recherche expérimentale. Un sujet particulièrement fécond, la confiance de l’équipe de direction des Usines SOLVAY, lui offrent l’opportunité d’une monographie de grande envergure sur la Plaine Saône-Doubs enrichie de considérations méthodologiques, qui sera le support d’une thèse d’Etat en 1976.

De 1973 à 1981, Jean-Jacques Collin dirige le Service Géologique Régional Provence Alpes Côte d’Azur, tout en réservant, dans toute la mesure du possible, une part importante de son temps aux travaux sur les eaux souterraines. C’est aussi l’occasion pour lui d’accueillir de nombreux stagiaires « thésards » et d’initier une fonction d’enseignant.

Nommé Chef du Département de l’Eau du Service Géologique National en 1981, il anime de nombreux programmes de recherches , en liaison avec les opérations d’hydraulique en Afrique et de recharge des aquifères. Jean-Jacques Collin privilégie le montage d’opérations appuyées sur des sites expérimentaux maîtrisables et susceptibles d’attirer des partenaires : universitaires français et opérateurs étrangers . Une de ses tâches est celle de défenseur de la profession et du rôle de l’eau souterraine .Elle donne lieu à de nombreuses publications dans la presse spécialisée (Environnement, Aménagement, Gestion territoriale) et à de multiples conférences et séminaires.

De 1986 à 1988, Jean-Jacques Collin est affecté, à sa demande, à l’Université C.A. DIOP de Dakar, comme professeur d’hydrogéologie.
A son retour en France, le BRGM le charge de la mission « Recherche Eau » et il se partage ,en outre, entre la conduite d’un grand projet européen, Médallus, un poste de chargé de mission au G.I.P. « Hydrosystème », la rédaction en chef de la revue « Hydrogéologie » et diverses fonctions de représentation dans de nombreuses instances : membre associé du CADAS (Comité des applications de l’Académie des Sciences), commission française pour l’UNESCO, Conseil scientifique de l’ANDRA, commissions de préparation des Schémas Directeurs d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE).

En 1993, Jean-Jacques Collin est nommé à Montpellier avec pour mission d’animer à la fois les SGR du Sud de la France , axés depuis 1994 sur les missions de service public, et un pôle de Recherche et Développement.

Les premières années de sa retraite , intervenue à ses 60 ans ,sont consacrées à la rédaction d’un ouvrage , les « Eaux souterraines, connaissance et gestion », paru en 2004 et destiné à l’initiation des décideurs publics et des mouvements associatifs .

Quelques contributions à des ouvrages collectifs, dont « Aquifères et Eaux souterraines en France », pour les nappes alluviales, marquent le terme d’une carrière essentiellement dédiée à la promotion de la ressource en eau souterraine.

Il s’est ensuite consacré à la peinture, mais le thème « sciences de la Terre » pointe souvent dans ses œuvres.

En 2008, le Comité Français d’Hydrogéologie (Comité national de l’Association Internationale des Hydrogéologues), lui décerne le Prix G.Castany pour l’ensemble de ses travaux et de sa carrière.

Jean-Jacques Collin nous a quitté le 12 juin 2014 à Montpellier, sa ville d’adoption, où il s’était installé en 1993.

Nous garderons de lui le souvenir d‘un excellent collègue et ami , extrèmement compétent dans son domaine, à l’esprit curieux et inventif, mais également doué d’un profond sens de l’humour.

Jean-Claude Roux

 
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