Le Nord de la France, entre patrimoine culturel et histoire économique
Franchement nous n’avions pas prévu pareil intérêt de nos amicalistes pour cette sortie dans le Nord de la France. Très vite l’effectif des personnes inscrites a dépassé la cinquantaine d’où l’ouverture d’une liste d’attente. Au final, quelques défections pour des raisons de force majeure ont permis de contenter tout le monde. Au matin du 8 octobre, nous nous sommes retrouvés 48 amicalistes au départ du BRGM.
Le voyage débuta aussi d’une façon, disons, inhabituelle : tous les participants, arrivés à l’heure, attendant durant une vingtaine de minutes, dans la froide clarté de l’aurore, que l’autocar veuille bien se présenter.
Malgré ce petit désagrément, le trajet Orléans- Roubaix se fait dans d’excellentes conditions, sous un soleil radieux, avec – initiative très appréciée – une pause café, à mi-parcours, sur une aire d’autoroute, .
Nous arrivons presque à l’heure à Roubaix, notre première étape. Un déjeuner traditionnel – terrine volaille, moules frites et crème brûlée – nous attend dans le cadre rétro de la Grande Brasserie de l’Impératrice Eugénie et déjà l’ambiance est au rendez-vous. Mais au fait, l’impératrice est-elle vraiment venu ici ? Il y a tellement d’endroits en France qu’aurait fréquenté Eugénie de Montijo qu’on ne sait plus!
Après le déjeuner, nous rejoignons ensuite facilement l’attraction touristique majeure de Roubaix : la Piscine Art Déco, construite de 1927 à 1932, et qui, réunie à l’ancienne usine de tissage Hannart-Prouvost, abrite depuis quelques années le Musée d’Art et d’Industrie André Diligent. On ne se lasse pas d’admirer cette surprenante et magnifique réalisation. Tout ici respire l’élégance et l’harmonie : la verrière et les aménagements balnéaires sauvegardés et mis en valeur, les magnifique collections de sculptures, céramiques, vitraux, textiles, etc .De temps à autre, une évocation sonore nous rappelle la destination première de ces lieux.
En milieu d’après-midi, l’autocar nous conduit à Lille, place Rihour, d’où nous partons pour une visite à pied du centre historique de la grande métropole flamande. L’importance numérique de notre groupe nous a obligé à le scinder en deux en mettant à contribution, pour l’un Gaston Souliez, et pour l’autre, une guide de l’Office du Tourisme. Ces deux heures de promenade bien agréable, par un temps toujours ensoleillé, nous permettent entre autres de voir d’abord la grand-place, la Vieille Bourse, avec une petite touche exotique, puisque Lille s’est mise, l’espace d’une saison, à l’heure indienne (opération « Bombaysers »), en installant notamment des éléphants luxueusement caparaçonnés tout au long de la rue Faidherbe. Les autres temps forts de cette visite ont été l’hospice Comtesse et son musée, sans oublier la Cathédrale Notre-Dame de la Treille où nous tombons tous en admiration devant la nouvelle façade faite de plaques de marbre translucides de 2,5 cm d’épaisseur : l’effet est absolument saisissant, de jour comme de nuit.
L’hôtel qui doit nous accueillir étant très proche de la place Rihour, c’est à pied que nous nous y rendons. Aux alentours de 20 heures, nous refaisons le même trajet en sens inverse pour nous retrouver à La Chicorée, la grande brasserie de la place Rihour, pour un dîner dans la tradition gastronomique régionale – tourte au maroilles, carbonade flamande, coupe glacée aux parfums du Nord – mais aussi avec l’ambiance chaleureuse et communicative propre à cette région.
La deuxième journée, lundi 9 octobre, nous conduit dans le Valenciennois et le Douaisis. Pour nous mettre en appétit, nous faisons un premier arrêt à Hordain, plus précisément à « La Choulette », une des dernières brasseries artisanales de la région. Après un exposé détaillé sur les techniques d’élaboration de la bière et leur évolution à travers les âges, nous nous répartissons à travers les différentes installations de la brasserie, sans oublier la salle de vente et de dégustation où nous sont présentés quelques uns des produits estampillés « La Choulette ». Il faut toute l’insistance des organisateurs, soucieux de l’horaire, pour nous en arracher.
Mais Hordain est très proche du Centre historique minier de Lewarde, installé au début des années 1980 sur le site de l’ancienne fosse Delloye où travaillèrent, entre 1931 et 1971, un millier de mineurs en moyenne. Nous y arrivons d’abord pour un déjeuner au restaurant « Le Briquet » géré par le Centre lui-même.
Comme prévu, l’après-midi est consacrée à la visite du « musée », c’est-à-dire des installations du « jour » et de la reconstitution de galeries d’exploitation du « fond », avec les différents équipements et matériels qui ont pu y être utilisés. Nous commençons par la « salle des pendus » où les mineurs laissaient leurs vêtements avant de descendre rejoindre leur poste et où ils trouvaient des douches en remontant au « jour ». Nous parcourons ensuite la « lampisterie » avec sa très riche collection qui permet de se faire une idée de l’évolution, à différentes époques, de l’éclairage individuel des ouvriers mineurs. Ensuite c’est le « clou » de la visite: d’anciens mineurs nous guident vers la « benne » pour une descente vertigineuse, bien que simulée, vers les différentes galeries. Tout ce que nous y verrons et entendrons est remarquable, en particulier dans la présentation des techniques illustrées par des machines que notre guide fera fonctionner au fur et à mesure de nos déambulations.
Nous avions fini notre visite et nous apprêtions à rentrer tranquillement à Orléans, à peu près à l’heur prévue, mais c’était sans compter sur notre autocar qui nous réservait encore une surprise, ce qui nous obligea à jouer les prolongations et rentrer beaucoup plus tard que prévu. L’amabilité du personnel présent sur le site de Lewarde, jusque tard dans la soirée, en atténua le désagrément. Malgré tout, cette sortie dans le Nord laissera un bon souvenir à tous les participants.
René MEDIONI