Libre cours

QUE SERAIS-JE SANS TOI …

QUE SERAIS-JE SANS TOI …

 

 Je croyais en avoir fini avec ma dernière brève de contribuer au dénigrement de l’utilisation du téléphone portable…et en même temps au défoulement purificateur qui m’a permis de faire l’économie de quelques séances de psy.

Que nenni ! J’ai été rappelé à l’ordre, en quelque sorte, pour remonter au front, par la photo d’un hebdomadaire illustrant un panneau « Danger, piétons avec smartphone ». Cela se passe à Stockholm, cité qui a décidé d’adapter sa signalétique routière aux nouvelles technologies.

Cela doit au moins nous rappeler, si besoin est, que nous sommes passés, avec le XXI ème siècle, sous le règne de la «cyberdépendance ». Mais le danger n’est pas seulement dans la rue, mais aussi dans la tête de qui pratique le sport du smartphone comme un marathonien. Au pire, il finira idiot ou avec une pathologie de drogué…
Aujourd’hui, cette addiction porte un nom : ce n’est ni la « pandémie du portable », ni le « syndrome du mobile » que je proposais dans mon papier précédent, c’est la monophobie – du terme anglais « no mobile-phone phobia ». C’est la peur de perdre son portable, c’est le mal du siècle et cette dépendance ne cesse de s’accroître et de bouleverser notre quotidien.

Il y a quelques matins, j’ai été témoin d’une nouvelle scène qui ne me porte pas à sous-estimer ce nouveau mal. Cela se passe Place d’Arc : ayant pris un café au Tonic Bar, je me dirige vers l’entrée de Carrefour… Devant moi, marchant lentement, une silhouette boudinée dans une parka, évoque, vue de dos, un personnage sur les planches d’un théâtre, entrain de déclamer, à grand renfort d’envolées de son bras droit. En passant à coté, je découvre une jeune femme de la lointaine Afrique, au visage avenant, parlant à son oreiile gauche…Il est alors 08h45…

Mon tour habituel presque terminé, j’arrive à la travée 31..pour y retrouver notre bonne dame stationnant à l’entrée de l’allée aux biscuits…toujours parlant à son oreille gauche…Il est alors 09h05…

Quelques emplettes plus tard et mon panier plein, je me présente à l’une des caisses automatiques où je scanne avec brio mes achats. Un paquet de biscuits plus tard, quelqu’un s’installe à la caisse à coté de la mienne…C’est ma copine du jour ! Mais surprise, voire stupeur, elle est toujours en train de parler et je me crois obligé d’aller vérifier, visuellement bien sûr, qu’il y a bien un téléphone coincé entre sa tête et son épaule ! Je note aussi qu’elle n’ a que trois articles dans son panier : ceci explique cela ! Il est alors 09h30…Record battu, observé par mes soins, d’une communication téléphonique en ambulatoire…

L’avenir est donc sombre, notamment pour les jeunes, car ils sont tout autant contaminés que les soi- disant adultes, desquels ne viendra certainement pas le salut. Ces jeunes se déconnectent ainsi de la réalité, encouragés sans doute par une conjoncture qui ne semble pas leurs laisser entrevoir de grandes espérances. Leur refuge c’est Face-book et Internet, que l’on peut aujourd’hui capter depuis son mobile et surtout la possibilité d’échanges sans fin avec les copains-copines par le biais des textos…Tout cela ne fait que traduire sans doute un besoin d’être relié, d’exister…
Il reste à espérer que cette « génération smartphone » prendra conscience qu’elle se met en danger en laissant ce virus se propager à travers les ondes et rendre insociable une grande partie de ses utilisateurs. Qu’elle comprendra que la solution est simplement d’avoir un usage modéré et surtout justifié de ce nouvel outil de communication et de vivre davantage dans le réel que dans le virtuel.

Espérons que tout ces jeunes se diront un jour dans leur langage à eux : « ça craint » ou « avant je savais bien écrire et puis un jour j’ai eu un téléphone portable et « depui il c produit kelk choz 2 bizar »…

En guise de fin, essayons de rester optimistes…ne perdons pas espoir…à quand la greffe de smartphone ?

Jean-Claude Chiron

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