Brèves de cantine

Accident dans la mine

Accident dans la mine
Ma dernière heure n’était pas encore venue !
Par Pierre CHAUMONT

 

En Guinée française, je prospectais les filons de quartz aurifère et tout allait pour le mieux, lorsque je fus muté à la mine d’or de Banora pour en suivre les travaux, au fur et à mesure de leur avancement.

C’est ainsi, qu’après chaque tir d’explosif, je descendais dans les galeries (- 50 à – 100m). Après ventilation, je dessinais le front de taille avec précision tandis que l « ‘échantillonneur » faisait les prélèvements du filon de quartz et des épontes. Ces prélèvements étaient ensuite analysés au laboratoire de la mine.

Une « cheminée » était en cours dans une de ces galeries pour suivre verticalement le filon.

Un Dimanche, jour de repos, j’en profitai pour me faire descendre dans la mine avec mon chef d’équipe pour qu’il puisse m’éclairer. Le soutènement était en place mais il n’y avait pas d’échelle. Je grimpai d’un bois à l’autre et accrochai mon ruban métallique décamètre au front de taille. Il restait 4 mètres dans le vide !

Alors que je dessinais le front de taille, je glissai et tombai dans le vide, m’accrochant de la main droite au ruban métallique afin de freiner et d’orienter ma chute.

Le ruban, coupant, entailla ma main et la descente fut douloureuse, surtout à la fin, lorsque la boucle du décamètre passa dans la plaie.

Mon « éclaireur », au lieu de me venir en aide, fila avec l’éclairage jusqu’au « cufa » (grand seau d’1 mètre-cube qui servait à hisser le minerai ou les mineurs à la surface) et remonta.

Dans le noir absolu, de ma main valide, je fis un garrot à ma main qui pissait le sang. Puis, à tâtons, avec les pieds, je progressai dans la galerie pour retrouver la descenderie et appeler le cufa.

Arrivé à la surface, je me précipitai chez le docteur de la mine qui vida un flacon d’alcool pharmaceutique dans un récipient et me demanda d’y plonger ma main. Inutile de vous dire que j’avais vraiment mal. Ensuite, il me fit un superbe pansement !

Pendant ce temps, mon « éclairagiste » était arrivé à la maison, en haut de la colline, en hurlant « Le patron, il est mort ! Le patron, il est mort ! ».

Mon épouse descendit aussi vite que possible à l’infirmerie où elle constata que j’étais bel et bien vivant. Alors, tout le campement sut que le mort n’était pas mort.

Dans la nuit, une hémorragie se déclencha. On réveilla le docteur qui me fit un nouveau pansement et m’ordonna de faire un bain de main, tous les jours, dans de l’eau fortement javellisée.

Au quatrième jour, le docteur me déclara « Cela ne sent pas bon. Il va falloir sectionner deux doigts pour éviter la gangrène. J’avais commandé de la pénicilline mais elle n’est toujours pas arrivée ».

« Elle arrivera peut-être demain, hasardai-je » et, heureusement, ce fut le cas et mes doigts furent sauvés.

La nature étant généreuse, tout cicatrisa tant bien que mal et je m’en tirai avec deux tendons coupés à partir de la première phalange.

J’aurais dû m’estimer heureux de n’être pas mort et de m’en sortir à si bon compte mais figurez-vous que l’on n’est jamais satisfait de ce que l’on a ! Je déplore que tout cela me gêne beaucoup pour jouer du piano !

 

Pierre CHAUMONT

 

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